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CORONAVIRUS OU LE MAL DU 21EME SIECLE - UN REFLEXE SUR LE BOULEVERSEMENT DE LA SUPERSTRUCTURE MONDIALE

 

Introduction

Depuis novembre 2019, le monde est frappé par la pandémie de Coronavirus. Face à cette pandémie, les Etats et leurs gouvernements respectifs ainsi que plusieurs acteurs à travers les plans de riposte sont intervenus partout dans le monde par des actions de sensibilisation, de distribution des kits sanitaire, de la prise en charge des personnes infectées et ont annoncé des mesures d’urgence sanitaire.

La pandémie de Covid-19, est une pandémie d'une maladie infectieuse émergente, appelée la maladie à coronavirus 2019 ou Covid-19, provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2. Elle apparaît le 17 novembre 2019 dans la province de Hubei (en Chine centrale), et plus précisément dans la ville de Wuhan, puis se propage dans le monde entier.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte dans un premier temps la République populaire de Chine et ses autres États membres, puis prononce l'état d'urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020.

Au total ce sont environ 200 pays et territoires qui sont touchés par cette crise sanitaire mondiale, avec des foyers de plus de 50 000 cas confirmés dans les pays suivants : Allemagne, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Belgique, Bangladesh, Biélorussie, Brésil, Canada, Chili, Chine, Colombie, Égypte, Espagne, États-Unis, France, Inde, Iran, Italie, Mexique, Pakistan, Pérou, Qatar, Royaume-Uni, Russie, Suède et Turquie.

Conformément aux meilleures pratiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la dénomination des nouvelles maladies infectieuses humaines, élaborées en consultation et en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé animale et l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, l'OMS a nommé la maladie Covid-19, apocope du syntagme en langue anglaise (COronaVIrus Disease 2019).

Concernant le genre, l’Office québécois de la langue française ainsi que plusieurs experts en linguistique, recommandent officiellement d'employer le féminin (car disease se traduit par maladie). Début avril 2020, les médias (dont Radio Canada) ont changé leur pratique initiale de même que le premier ministre canadien, Justin Trudeau. En effet si les sigles en français prennent le genre du premier mot qui les compose, par contre les sigles dans une autre langue « prennent généralement le genre qu’aurait en français le mot de base qui les compose ». D’ailleurs, l’OMS utilise le genre féminin pour désigner la maladie dans ses communications.

Début mai 2020, l'Académie française rappelle que les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation. On a commencé à parler du coronavirus, groupe qui doit son genre, en raison des principes exposés plus haut, au nom masculin virus. Ensuite, par métonymie, certains ont donné au nom de la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque. D'après l'Académie, il faudrait dire la Covid-19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie.

Depuis l'apparition du SRAS puis du MERS, une nouvelle pandémie à coronavirus était attendue et annoncée par divers experts du domaine (ex. : Hung en 2013).

Selon des études phylogénétiques, la maladie est apparue entre octobre et décembre 2019, et plus précisément à la fin du mois de novembre.

Le premier patient diagnostiqué (le patient zéro) est identifié le 1er décembre 2019 dans la province du Hubei, en Chine centrale. Il est âgé de 70 ans environ, sort peu de chez lui et n'a pas fréquenté le marché de Wuhan ; il est atteint de la maladie d'Alzheimer.

Le 16 décembre est repérée la première hospitalisation.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte dans un premier temps la République populaire de Chine et ses autres États membres, puis prononce l'état d'urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier.

Le 13 janvier 2020, un premier cas est découvert hors de Chine continentale. Deux navires de croisière (le MS Westerdam et le Diamond Princess) sont aussi touchés. Le nombre total de malades hors de la Chine dépasse les 1 500 à la mi-février.

À partir de janvier 2020, le gouvernement chinois met en œuvre des procédures de confinement, et place plusieurs villes puis toute une région en quarantaine, fermant de nombreux sites publics et déployant des moyens sanitaires.

Le 25 février 2020, le nombre de nouveaux cas déclarés quotidiennement hors de Chine est plus élevé que dans ce pays.

Le 11 mars 2020, l'épidémie de Covid-19 est déclarée pandémie, par l'OMS, qui demande des mesures de protection essentielles pour prévenir la saturation des services de soins intensifs et renforcer l'hygiène préventive (suppression des contacts physiques, bises et poignées de mains, fin des attroupements et des grandes manifestations ainsi que des déplacements et voyages non indispensables, promotion du lavage des mains, mise en application de quarantaine, etc.). Cette pandémie mondiale provoque des annulations en série de manifestations sportives et culturelles sur toute la planète, la mise en place par de nombreux pays de mesures de confinement pour freiner la formation de nouveaux foyers de contagion, la fermeture des frontières de nombreux pays, et un krach boursier du fait des incertitudes et des craintes qu'elle fait peser sur l'économie mondiale. Elle a aussi des effets en termes d'instabilité sociale et économique et est le prétexte à la diffusion en ligne d'informations erronées ou relevant de la théorie du complot.

Le 21 avril, plus de 2 500 000 cas cumulés sont confirmés dans le monde, dont près de 680 000 personnes guéries et près de 180 000 morts.

Le 11 mai, plus de 4,1 millions de cas ont été cumulés, dont 283 000 personnes mortes et plus de 1,4 millions de personnes guéries.

Le 21 mai, plus de 5 000 000 cas cumulés sont confirmés dans le monde, dont plus de 2 000 000 personnes guéries et plus de 330 000 morts.

Avec tous ces efforts, un nombre important de personnes négligent les mesures préventives pensant qu’il s’agit d’un bioterrorisme.

Chapitre I : Contexte mondial de Covid-19

La situation épidémiologique évolue constamment, mais les données sur le virus et la Covid-19 ont rapidement été partagées par les chercheurs, dès le 5 janvier, et moins d'une semaine après identification du virus. La première prépublication apparaît deux semaines après la déclaration, le 19 janvier.

L'urgence sanitaire fait cependant que les découvertes et mises à jour médico-scientifiques sont publiées avec une relecture par les pairs plus rapide et moins méticuleuse que d'ordinaire, et parfois en prépublication avant revue par les pairs ; la qualité des données primaires et des sources secondaires doit dès lors être interprétée avec prudence. En outre des lacunes de données sont dues au fait que les pays n'ont pas la même approche en termes de dépistage ou de transparence, pour des raisons financières, techniques et/ou de politique. S'y ajoute la qualité du système de veille sanitaire et de remontée de l'information. Le dépistage peut viser à être systématique (par exemple en Corée du Sud), être ciblé uniquement sur des porteurs du virus présentant des symptômes, ou ne viser que les cas les plus graves (par exemple en France).

Le dépistage, quand il existe (certains pays, dont la France ont manqué de tests durant des mois), ne se fait pas au même rythme partout. Il a été compliqué par le fait que la pandémie s'est propagée dans l'hémisphère nord en hiver, au moment où circulent d'autres virus respiratoires (virus grippaux notamment, qui produisent les mêmes symptômes initiaux, hormis l'hyposmie et l'hypogeusie caractéristique fréquente de la Covid-19) ; de plus il existe un décalage entre cas confirmés et cas réels. Les données sur la létalité (taux de décès parmi les personnes touchées) n'étaient pas fiables de par le faible nombre de personnes testées, rendant la comparaison entre pays peu significative ; de même en ce qui concerne le nombre de morts imputés à la maladie dont les critères de recensement ne sont pas homogènes entre pays. Néanmoins, le taux de mortalité en fin de pandémie, sera significatif des politiques de santé publique menées dans chaque pays. La gestion de la transmission asymptomatique est le « talon d'Achille » de la lutte contre la pandémie ; et là où il n'y a pas une stricte distanciation physique, le dépistage des cas symptomatiques est nécessaire mais il est insuffisant car n'empêchant pas la diffusion du virus dans les endroits de vie collective (foyers, prisons, établissements de santé mentale fermés, refuges pour sans-abri et hôpitaux), surtout si l'on veut relâcher la distanciation sociale.

De mi-janvier à mi-mars 2020, des indices ont laissé penser que la Covid-19 pourrait être atténuée quand il fait plus chaud, et qu'une hausse de température moyenne pourrait atténuer sa contagiosité. Si cela était confirmé, une saisonnalité de la pandémie pourrait alléger la pression sur les services d'urgence à la belle saison dans l'hémisphère nord, et laisser un peu de temps à l'hémisphère sud pour se préparer et tirer parti des leçons apprises au nord. C'est l'hypothèse posée par deux chercheurs des universités de Californie et de Chicago dans un article (non relu par des pairs). Ils ont rétrospectivement tenté d'isoler pour les deux mois d'explosion du nombre de cas en début de la pandémie le rôle de trois facteurs météorologiques (température, humidité, pluviométrie) de facteurs de confusion tels que l'amélioration de la réponse à la pandémie ou du degré et les hétérogénéités de promiscuité associé aux densités de population. Au 26 mars, leur analyse statistique basée sur l'étude rétrospective de 166 686 cas confirmés de Covid-19, dans 134 pays, échelonnés du 22 janvier 2020 au 15 mars 2020 concluait que : ni l'hygrométrie, ni les précipitations n'influencent la contagiosité de la Covid-19 ;

Pour chaque degré Celsius de température moyenne gagné (durant deux mois environ), la transmission de la COVID a semblé se réduire de 13 % en moyenne (entre -21 % et -4 %, IC 95 %) ; cependant cette hypothèse reste à confirmer, car en mars-avril, l'Italie et l'Espagne (deux régions chaudes de l'Europe) ont été particulièrement sévèrement touchées et d'autres facteurs de confusion sont à étudier (ex. : pollution de l'air qui pourrait avoir aggravé la situation en Italie).

Modélisation de l'évolution de la pandémie

La modélisation d'une épidémie permet de la mieux comprendre et décrire, et de faire des prévisions. Les modèles mathématiques évaluent des hypothèses, indiquent des tendances et permettent d’élaborer des réponses de santé publique en estimant les risques, en temps réel, lors d'une épidémie. Une modélisation est une représentation simplifiée de la réalité. Sa précision est ici limitée par la méconnaissance de certains facteurs et mécanisme de propagation du SARS-CoV-2.

À la mi-mars 2020, le Professeur Neil Ferguson, épidémiologiste et mathématicien à l'Imperial College de Londres, spécialisé dans la modélisation épidémiologique, publie un article sur l'impact des interventions non-pharmaceutiques visant à réduire la mortalité et la pression sur le système de santé face au du Covid-19. Il montre qu'en l'absence de traitements ou de vaccin contre la Covid-19, seules des actions de santé publique permettent de réduire les contacts, et donc la transmission du virus. Une de ses modélisations montre que l'absence totale de mesures de santé publique se traduirait respectivement par un total de 510 000 et 2,2 millions de morts rien qu'au Royaume-Uni et aux États-Unis, avec un pic de mortalité fin mai début juin 2020. Ferguson détermine alors cinq actions de santé publique : isolement au domicile des cas confirmés, mise en quarantaine de leur famille, distanciation physique des personnes de plus de 70 ans, distanciation élargie à l’ensemble de la population, fermeture des écoles et des universités. Il combine ces actions en deux scénarios : 1) l'atténuation (mitigation) pour constituer une immunité collective, et 2) l'endiguement (suppression) pour amener le R0 (taux de reproduction de base du virus) à un taux inférieur à un cas secondaire généré par chaque cas.
C'est le second scénario, l'endiguement qui prévaudra, se traduisant par des mesures de confinement dans de nombreux pays dont la France à partir du 16 mars 2020.

Les effets de la quarantaine et des restrictions de voyages commencent à être modélisés pour des situations complexes telles qu'une maladie zoonotique transmissible entre espèces différentes et dans l'espace à partir des mouvements des vecteurs du microbe. On a montré avec la grippe pandémique de 1918 que les modalités et vitesses de déplacement du public (notamment liés aux modèles de connectivité), la structure spatiales du pays ou de la région considérés, ainsi que leur type et degré d'urbanisation (lâche ou dense) ont une importance épidémiologique. La sensibilité des villes augmente (de manière non linéaire) avec leur population (Davis et Lappin ont montré (1923) que lors de la grippe pandémique de 1918, le nombre reproductif R0 n'était pas corrélé à la taille de la ville). Les taux de mobilité des biens et personnes ont récemment encore évolué (avec la mondialisation et les transports à haute vitesse), même depuis les émergences du SRAS et du MERS.

La modélisation du contrôle optimal recherche par combien il faut diviser la transmission pour contrôler l’épidémie et comment faire varier l'intensité de contrôle au cours de l'épidémie. Selon les stratégies de contrôle (confinement) exercée au cours du temps, différents scénarios d'évolution du nombre d’infections sévères et décès sont modélisés. Le simulateur d’épidémie COVIDSIM-FR permet de visualiser l’effet de différentes stratégies de contrôle de l'épidémie Covid-19 en France et par département avec des variations de durée et d’intensité.

Le nombre de reproduction temporel R(t), permet de connaître le risque de propagation de l’épidémie à une date t. S’il est plus grand que 1, l’épidémie est toujours en croissance, s’il est plus petit que 1, elle décroît. Un estimateur de nombre de reproduction (Rt) permet de visualiser le risque de propagation épidémique dans plusieurs pays et départements français selon différentes données.

La phylodynamique fondée sur la comparaison des séquences virales permet d'estimer les variations de vitesse de propagation de l’épidémie. Le GISAID partage les données du génome du Covid-19 et a créé une application montrant l'évolution des mutations du génome par pays.  

Chapitre II : Les impacts de Covid-19 sur le monde

Crise économique, famine, racisme... 10 conséquences de la pandémie mondiale de coronavirus.

La maladie a un impact qui dépasse le seul cadre sanitaire. La maladie a un impact qui dépasse le seul cadre sanitaire.

Depuis le début de l'épidémie, les effets du coronavirus se sont fait sentir dans le monde entier. Les conséquences, souvent dévastatrices, interrogent d'ailleurs les dirigeants et les penseurs sur le «monde d'après», pour éviter qu'un tel cataclysme ne se produise à nouveau.

Une crise économique violente

La crise sanitaire mise de côté, c'est l'impact sur l'économie qui a été le plus impressionnant, et qui inquiète le plus aujourd'hui. Les bourses mondiales se sont effondrées dès le mois de mars, le prix du baril de pétrole est tombé dans le négatif pour la première fois de l'histoire, et le chômage grimpe en flèche partout. Malgré les moyens technologiques qui existent, la société n'était pas préparée à mettre en pause tous les secteurs de son économie à cause d'un virus, et ce pendant plusieurs semaines. Les dégâts sont si importants qu'un retour à la situation «normale» n'est pas attendu avant une période qui se compte en années.

Cette situation inquiétante incita le Président des Etats-Unis d’Amérique a affirmé ceci : « la décision sur la réouverture de l'économie sera «la plus importante de ma vie »»

Un risque de famine important

Avec les productions mises en pause, et une grande partie des habitants de la Terre confinée, les stocks de nourriture peuvent être amenés à manquer dans certaines zones qui n'ont pas le luxe de pouvoir continuer à s'approvisionner. Quelque 265 millions de personnes pourrait être menacée de famine, soit près du double de la situation actuelle, selon le Programme Alimentaire Mondiale, une branche de l'ONU. «Les envois de fonds à l'étranger vont également diminuer fortement, ce qui va nuire à des pays comme Haïti, le Népal et la Somalie, pour ne citer qu'eux», a déclaré David Beasley, directeur exécutif de l'organisme. Et pour cause, certaines régions faisaient déjà face à des pénuries avant la crise, comme en Afrique de l'Ouest où une invasion de criquets avait ravagé les cultures.

Une respiration écologique ?

Moins de personnes qui se déplacent pour travailler, les aéroports à l'arrêt, les usines en pause... L'un des rares effets qui pourraient être qualifiés de positifs pendant la crise du coronavirus est la bouffée d'oxygène que la planète a pu s'offrir. En quelques semaines, des changements ont déjà été aperçus, avec la baisse des émissions de CO2 en Chine et dans d'autres pays industrialisés. Pour autant, cela ne suffira pas à résoudre le problème du réchauffement climatique. La diminution de la pollution nécessiterait d'être maintenue sur une période bien plus longue pour permettre aux gaz à effet de serre de décroître en proportion dans l'atmosphère. Et rien n'indique que le fameux «monde d'après» se mettra immédiatement à changer ses moyens de production pour devenir plus écologique.

Quel est l’impact du coronavirus sur la planète ?

L'actuelle pandémie de coronavirus aura un impact majeur sur le changement climatique et sur la manière dont nous y faisons face. Un virus de taille microscopique a le pouvoir d'influencer le climat de la Terre entière. Ces influences sont-elles positives ou négatives ?

Le confinement, bon pour la qualité de l’air. Début 2020, le monde vit une crise sans précédent. Le coronavirus responsable d’une pandémie meurtrière de Covid-19 se répand. Dans l’espoir de limiter sa propagation, les populations sont confinées. Les économies, mises à l’arrêt. Avec pour effet collatéral, une baisse spectaculaire de la pollution de l’air extérieur.

Le ralentissement économique mondial a eu un impact important sur l'environnement. La pollution et l'effet de serre ont été réduits de manière drastique dans plusieurs régions du monde. Ce sont des résultats indirects, mais positifs de cette pandémie sans précédent. Les restrictions de l'activité économique, du trafic aérien, terrestre et maritime, ainsi que la fermeture d'industries et le confinement de la population ont permis une diminution surprenante de la pollution environnementale et des émissions de gaz à effet de serre.

Le ralentissement économique provoqué par la pandémie devrait avoir un impact équivalent ou supérieur à celui de la récession mondiale de 2008 sur les émissions. En d'autres termes, nous aurons une baisse absolue des émissions globales de carbone d'ici fin 2020 et peut-être même jusqu'en 2021 ou 2022. Grâce au confinement de la population, des animaux sauvages ont été observés dans certaines villes : un puma à Santiago du Chili, un sanglier dans les rues de Barcelone, ou encore une civette en Inde.

Le premier pays à réduire son taux de pollution environnementale a été la Chine, le plus grand pollueur du monde et source de l'épidémie de coronavirus en décembre dernier. La concentration de dioxyde d'azote, l'un des polluants les plus fréquents dans les zones urbaines, a diminué de 30 à 50 % dans plusieurs villes chinoises importantes, par rapport à la même période en 2019.

Selon les experts, l'épidémie a paradoxalement épargné plus de vies que les décès qu'elle a provoqués. En Chine, 1,1 million de personnes en moyenne meurent chaque année, victimes de la pollution. Malgré ces signes de rétablissement de l'environnement, les chercheurs craignent que cette interruption ne soit de courte durée, surtout si une conscience globale ne surgit pas une fois la pandémie derrière nous.

Quels sont les effets négatifs du coronavirus sur la planète ?

La principale conséquence de la crise mondiale causée par l'épidémie est de faire passer les autres débats, dont l'urgence climatique, au second plan. La pandémie est temporaire, mais les effets du réchauffement climatique se feront sentir aujourd'hui et de plus en plus dans les siècles à venir. Le changement climatique reste un problème grave pour notre planète. La concentration des gaz à effet de serre déjà présents dans l'atmosphère suffit à elle seule à garantir une augmentation de la température moyenne de la Terre pendant plusieurs siècles.

Les experts prédisent que nous aurons davantage d'événements extrêmes dans le futur (séismes, inondations, tornades... etc.) avec des conséquences pour les infrastructures et la production alimentaire. Mais ces risques sont descendus sur l'échelle des priorités en cette période de pandémie.

Pourtant, au rythme où nous étions avant le frein malencontreux provoqué par cette crise, il y avait peu de chances de limiter la hausse de la température de 1,5 ou 2 degrés, le maximum considéré comme sûr pour éviter des tragédies climatiques majeures. Alors, ce sujet mérite-t-il d'être laissé de côté ? Nous avons maintenant le temps d'analyser les investissements en infrastructures qui nous emprisonnent dans une économie à forte intensité de gaz à effet de serre, puisque la plupart d'entre eux sont suspendus en raison de l'impact économique de la pandémie. Ainsi, c'est le bon moment pour travailler sur des mesures de sortie de crise, et de prévoir une transition vers des moyens de produire des biens, des services et de l'énergie avec un impact moindre sur le climat.

Nous retiendrons par-là,  moins de pollution, des liens sociaux renforcés. D’ailleurs, une majorité de Britanniques ne veut pas revenir à la vie de l'avant-coronavirus, selon un sondage.

Augmentation du braconnage

Si la pause forcée du tourisme mondial a des avantages sur l'écologie, elle peut paradoxalement représenter un certain danger pour quelques animaux en voie d'extinction. Ainsi, depuis le début du confinement, des associations de défense de ces bêtes ont remarqué une augmentation du braconnage dans certaines zones, et notamment en Afrique. Les attaques contre des rhinocéros ont d'ailleurs été dénoncées à la mi-avril, puisque près d'une dizaine d'entre eux ont été tués dans le but de récupérer leurs cornes. Sans les touristes sur place, les braconniers ont toute latitude ou presque pour s'en prendre à eux. «Les animaux ne sont pas justes protégés par des rangers, mais aussi par la présence des touristes», a résumé au New York Times Tim Davenport, directeur des programmes de conservation des espèces en Afrique pour la Wildlife Conservation Society.

Les organismes de protection dénoncent une incursion par jour et le braconnage de rhinocéros bat son plein dans plusieurs pays d'Afrique à cause du confinement

Les crises diplomatiques continuent

Pour certains, une crise mondiale devrait être résolue par la coopération internationale et le dialogue entre les pays. Mais ce n'est pas toujours le cas. La crise du coronavirus a entraîné un certain nombre de tensions entre les pays. Les Etats-Unis ont ainsi menacé la Chine de représailles si cette dernière a menti sur l'origine du virus et les chiffres qui en découlent. Jean-Yves Le Drian a également convoqué l'ambassadeur chinois en France après une lettre qualifiée de diffamatoire publié par l'officiel asiatique. L'OMS a été la cible de critiques pour sa gestion, et l'Iran continue sa guerre des mots avec Washington concernant la saisie de pétroliers. Il faudra donc plus qu'une pandémie pour souder les pays autour d'un même objectif.

Des prisons vidées

«Une bombe à retardement». Voilà comment les prisons du monde entier ont été caractérisées quand le coronavirus a commencé son invasion. Dans des pays comme la France, la Turquie ou en l'Italie, qui connaissent une surpopulation carcérale, avec des détenus qui sont donc proches physiquement les uns des autres, dans des conditions hygiéniques difficiles, la moindre contamination peut vite devenir catastrophique. C'est pour cela que des Etats ont mis en place une politique assez rare, puisqu'ils ont vidé les prisons d'une partie des détenus. En France seulement, 9.923 détenus ont retrouvé la liberté en un mois. Mais on en dénombrait toujours 62.650 au 15 avril, soit plus que le nombre de places officiel, qui s'élève à 61.080. Le chiffre est donc bien loin des 90.000 prisonniers qui doivent être libérés en Turquie suite à une loi du 13 avril, soit un tiers du total.

Attaques contre la démocratie

Viktor Orban qui bénéficie désormais de pouvoirs exceptionnels, instauration d'une surveillance de masse, liberté de la presse limitée, procès de dirigeants décalés et élections maintenues malgré le confinement... les ONG dénoncent depuis le début de la crise un certain nombre de mesures inquiétantes pour les droits des citoyens et le bon fonctionnement de la démocratie. Que ce soit en Europe, en Asie, en Afrique ou partout dans le monde, des stratégies particulièrement agressives ont été mises en place au nom de la lutte contre le Covid-19. Reste à savoir dans quelle mesure ces actions, officiellement temporaires, s'inscriront dans le temps.

Surveillance de masse, procès annulés, élections déséquilibrées... Les menaces sur la démocratie sont nombreuses en pleine crise du coronavirus.

Nous retiendrons par-là  qu’en Hongrie, Pologne, Israël... la crise sanitaire entraîne des mesures qui mettent à mal la démocratie

Trêve de certains conflits et guerres de gangs

Si certains pays continuent certaines démonstrations de force, d'autres jouent la carte de l'apaisement le temps de la crise. Cela a par exemple été le cas avec l'Arabie Saoudite, qui a mis en pause ses actions au Yémen, où une guerre civile financée par des pouvoirs extérieurs sévit depuis plus de cinq ans. En Afrique du Sud, cet état d'esprit a même été appliqué par les gangs du Cap. Ces derniers ont signé une trêve le temps que le pays se relève de l'épisode actuel.

Racisme

En France, les communautés africaines et asiatiques ont rapidement dénoncé les attaques dont elles ont été la cible dès que le coronavirus a fait la une de l'actualité. Des restaurants ont été tagués, des insultes ont fusé dans les transports en commun, les réseaux sociaux sont devenus plus violents que d'ordinaire... Mais cette situation est la même dans un grand nombre de pays du monde, où des histoires liées au racisme ont été médiatisées. La Chine elle-même a notamment largement critiqué Donald Trump quand ce dernier a affirmé que le coronavirus était un «virus chinois».

Les actes racistes se multiplient depuis le début de la crise du coronavirus alors que les communautés africains asiatiques toujours plus visées par le racisme, une plainte déposée.

 Des casses têtes sportifs

Jeux Olympiques, Coupe d’Afrique des Nations (CAN), Ligue 1, Tour de France, NBA... Tous les grands événements sportifs mondiaux subissent le confinement comme tout le monde. Mais avec des calendriers définis plusieurs années à l'avance, il est difficile pour les organisateurs de trouver des solutions. Pour certains, comme le Tour de France, un simple report a été décidé, mais cela est plus compliqué pour les sports collectifs, avec une saison qui devait se terminer début juin pour reprendre en août. La question de recommencer les championnats en juin, quitte à avoir une période de repos plus courte, ou tout simplement d'annuler pour ne reprendre que dans des temps plus sûrs, n'a pas encore été tranchée, et laisse les supporters dans l'expectative.

Sur le plan des relations internationales

(De G à D) Le président russe Vladimir Poutine, le premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président américain Donald Trump, le premier ministre japonais Shinzo Abe et le président chinois Xi Jinping lors du sommet du G20 à Osaka, le 28 juin 2019.

Les conséquences géopolitiques du coronavirus Covid-19

La pandémie du coronavirus a complètement bouleversé la donne géopolitique à travers le monde. Les accusations mutuelles sur l’origine de la pandémie entre les États-Unis et la Chine laissent craindre la naissance de nouvelles tensions sur l’échiquier mondial. Par ailleurs, les institutions internationales montrent leurs limites et de nombreuses lacunes : l’Organisation Mondiale de la Santé n’a pas rempli son rôle planétaire, l’ONU est restée très discrète tandis que l’Union européenne n’a pas trouvé la réponse commune et efficace face à la crise. Au contraire, les pays membres ont montré très peu de coopération, prouvant qu’une profonde refonte de cette institution est devenue indispensable.

Du personnel soignant évacue un malade du Covid-19 de l'Hôpital de Metz vers celui d'Essen en Allemagne, le 29 mars 2020.

Réactions internationales

Coopération européenne avec évacuation de patients de France vers l'Allemagne, ici par hélicoptère de l'armée française.

En quelques mois, l'humanité est confrontée à une pandémie posant des défis médicaux, éthiques et économiques, vitaux, souvent de manière dramatique. L’urgence de santé publique déclarée par un nombre croissant d'États, avant ou après l'OMS, et les retours d'expérience de crises sanitaires précédentes, n'empêchent pas que les systèmes de santé seront souvent débordés. Sous l'égide de l'OMS ; comment affronter solidairement (du niveau local à international) la crise, comment répartir éthiquement les biens et services de santé sans oublier les personnes et populations vulnérables ou marginalisées, séparées de leur famille et de leur communauté ? Comment équilibrer éthiquement et légalement la santé publique avec les libertés civiles ?

Deux grandes stratégies possibles

Selon une étude basée sur un modèle produit pour la Grande-Bretagne et les États-Unis, utilisé par l'équipe de réponse à la Covid-19 créée à l'Imperial College avec son école de santé publique, toute action isolée n'aurait que des effets limités ; seule une combinaison adéquate de plusieurs mesures peut avoir un impact substantiel sur la contagion interhumaine. Deux stratégies fondamentales de traitement de cette contagion sont possibles:

L'atténuation (mitigation), qui cherche plus à ralentir l'épidémie qu'à l'arrêter, pour réduire la pression sur les services de soins intensifs, tout en protégeant les personnes les plus gravement exposées ; en combinant de manière optimale l'isolement à domicile des cas suspects, la mise en quarantaine à domicile des personnes vivant dans le même ménage que les cas suspects et l'éloignement social des personnes âgées et des personnes les plus à risque de maladie grave, on pourraient selon la modélisation de Fergusson et al. (Mi-mars 2020) au Royaume-Uni et aux États-Unis réduire de 2/3 et des décès de moitié. Dans ce cas l'épidémie résiduelle ferait néanmoins des centaines de milliers de mort et submergerait plusieurs fois les systèmes de santé (unités de soins intensifs en particulier) ;

La suppression de la pandémie, option politique privilégiée pour les pays capables d'y parvenir, mais qui pose également des défis majeurs;

Les retours d'expérience chinois et sud-coréens montrent que l'épidémie peut être contenue « reste à voir si elle est possible à long terme et si les coûts sociaux et économiques des interventions adoptées jusqu'à présent peuvent être réduits » ; il s'agit alors d'inverser aussi tôt que possible la croissance épidémique, en diminuant le nombre de cas et la contagion interhumaine jusqu'à la diffusion d'un vaccin. Il faut ensuite maintenir cette situation indéfiniment, comme pour le SRAS, le MERS ou Ebola, car le SARS-CoC-2, comme pour les virus grippaux persistera probablement dans le monde animal. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, la suppression nécessitera au moins de judicieusement combiner la distanciation physique dans toute la population, l'isolement des malades à domicile ou à l'hôpital et la quarantaine pour les proches et/ou membres de la famille, avec de possibles fermetures d'écoles et d'universités, en sachant que ces fermetures peuvent avoir des impacts négatifs sur les systèmes de santé (via l'augmentation de l'absentéisme entrainé par les besoins de garde d'enfant). Cet effort (ou une stratégie aussi efficace de réduction de la contagion) devra être maintenu jusqu'à ce qu'un vaccin soit disponible (18 mois voire plus selon les premières estimations) sinon la contagion rebondira rapidement. Certains modélisateurs estiment que brièvement assouplir certaines mesures de distanciation serait possibles mais à condition de rapidement le réintroduire si le nombre de cas remonte.

Chapitre III : Afrique et la Covid-19

Le 21 avril 2020, les clubs RFI sont mobilisés pour enseigner aux populations locales africaines les gestes à suivre face à la pandémie de Covid-19.

Comme le remède au COVID-19 n'a pas encore été trouvé, le nombre de personnes infectées devrait augmenter de jour en jour jusqu'à ce que la propagation soit totalement contenue en Afrique et dans d'autres parties du monde.

Mondialisation et COVID-19 : Quel est l'impact sur l'économie africaine ?

Depuis l'essor de la mondialisation, le monde est devenu un petit quartier où les gens peuvent facilement interagir les uns avec les autres sans se heurter à de sérieux obstacles. Cela est devenu à la fois bénéfique et nuisible pour la sphère sociale, politique et économique en ce qui concerne le bien-être des gens.

Autrement dit, malgré la libre circulation des personnes, des biens et des services qu'entraîne la mondialisation, qui stimule le développement socio-économique, elle est également devenue une source de propagation des maladies. En conséquence, en raison du facteur de développement technologique de la mondialisation, une épidémie telle que celle de COVID-19 s'est transformée en une maladie pandémique majeure qui a touché plus d'un million de personnes dans le monde entier, indépendamment de leurs différences de localisation géographique.

La raison en est simplement que le progrès technologique, qui est l'une des principales forces de la mondialisation, a permis aux gens de voyager plus facilement par terre, par mer et même par air d'un endroit à l'autre sans rencontrer d'obstacles. Dans ce cas, si ces personnes ont été en contact avec la maladie comme COVID-19 dans la ville ou le pays (A), elles peuvent facilement la transmettre à la ville ou au pays (B) qui n'a pas connu d'infections si des mesures sanitaires appropriées ne sont pas mises en place pour empêcher la propagation au grand public.

Dans le contexte de l'Afrique en particulier, l'OMS a indiqué que la région comptait 7647 cas confirmés et 326 décès dus à la maladie de coronavirus 2019 (COVID-19) au 8 avril 2020. Par conséquent, puisque le remède n'a pas encore été trouvé, ces chiffres devraient augmenter de jour en jour jusqu'à ce que la propagation du COVID-19 soit totalement contenue en Afrique et dans d'autres parties du monde.

Cependant, les mesures utilisées dans le processus d'endiguement de la transmission de la maladie depuis qu'elle a été annoncée comme une pandémie mondiale par l'OMS et que le premier cas a été enregistré à ce jour sur le continent, sont susceptibles de créer des chocs économiques majeurs résultant du retard de secteurs économiques clés tels que le tourisme, le transport aérien, les industries manufacturières et le commerce.

Selon l'Institut Brookings, l'Afrique est la dernière frontière du monde dans la lutte contre l'extrême pauvreté où un Africain sur trois - 422 millions de personnes - vit en dessous du seuil de pauvreté mondial. Par conséquent, ce fait signifie que l'écart entre riches et pauvres est plus important sur le continent, où les conséquences du COVID-19 dans les secteurs économiques feront reculer les efforts visant à réduire l'écart de revenus plutôt que de les faire progresser et augmenteront le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté mondial.

Ce fait est confirmé par le PNUD qui a déclaré que la crise du COVID-19 menace de frapper de manière disproportionnée les pays en développement - les pertes de revenus devraient dépasser les 220 milliards de dollars et près de la moitié des emplois en Afrique pourraient être perdus.

Par conséquent, des mesures telles que le verrouillage national et de nombreuses mesures d'atténuation strictes prises par les gouvernements à l'intérieur et à l'extérieur de l'Afrique pour limiter les rassemblements et la mobilité des personnes afin d'enrayer la propagation du virus, auront des conséquences graves sur la production de biens, la fourniture de services et les activités commerciales. En conséquence, la plupart des pays du continent seront touchés économiquement par la paralysie de secteurs économiques essentiels.

Alors que d'autres régions du monde ont déjà commencé à subir les chocs socio-économiques, l'Afrique, qui compte moins de cas enregistrés que les autres continents, devrait également subir le même sort si cette maladie contagieuse n'est pas entièrement gérée à temps pour permettre aux pays de reprendre des activités économiques normales.

Le fait d'avoir moins de cas confirmés de COVID-19 par rapport à d'autres régions ne signifie pas que l'Afrique est hors de danger face à la maladie elle-même et à ses conséquences, notamment les chocs économiques. La Commission économique pour l'Afrique prévoit que le nouveau coup porté par le coronavirus à la croissance économique devrait passer de 3,2 % à 1,8 %. Selon la secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, "l'interconnexion du continent avec les économies affectées de l'Union européenne, de la Chine et des États-Unis a eu des effets d'entraînement".

Elle a réitéré que le continent aurait besoin de 10,6 milliards de dollars d'augmentation imprévue des dépenses de santé pour freiner la propagation du virus, alors que d'autre part, les pertes de revenus pourraient conduire à une dette insoutenable. Les augmentations non budgétisées des dépenses de santé risquent de perturber les autres activités de développement prévues en raison de la réaffectation des fonds pour lutter contre la pandémie. En conséquence, cette mesure pourrait nuire gravement à la croissance économique et rendre presque impossible l'effort visant à mettre fin à l'extrême pauvreté.

Selon la CEA, le COVID-19 pourrait faire chuter les recettes d'exportation de combustibles de l'Afrique à environ 101 milliards de dollars en 2020. La CEA ajoute que les envois de fonds et le tourisme sont également touchés, car le virus continue de se propager dans le monde entier, ce qui entraîne une diminution des flux d'IDE, une fuite des capitaux, un resserrement du marché financier intérieur et un ralentissement des investissements - donc des pertes d'emplois.

En particulier, le chômage est déjà une préoccupation majeure dans les pays africains car les secteurs public et privé ne produisent pas d'emplois adéquats pour couvrir la majorité de la population, en particulier les nouveaux diplômés. La plupart des gens sont donc contraints de créer des emplois alternatifs pour eux-mêmes en créant de petites entreprises et en s'engageant dans des activités agricoles, etc.

Par conséquent, si elles sont contraintes de fermer leurs portes en raison de la maladie de coronavirus 2019, les pertes d'emplois risquent de s'aggraver. D'autre part, la plupart des Africains qui vivent en milieu rural dépendent des activités agricoles pour leur subsistance.

Par conséquent, si ces agriculteurs majoritaires, petits, moyens et grands, ainsi que leurs ouvriers, cessent leurs activités, cela signifie une nouvelle vague de pertes d'emplois dans le secteur agricole qui emploie la plupart des Africains. Statistiquement, Mckinsey & Company décrit que plus de 60 % des populations d'Afrique subsaharienne sont des petits exploitants agricoles et qu'environ 23 % du PIB de la région provient de l'agriculture.

On peut dire que l'arrêt des activités agricoles en raison de la pandémie de COVID-19 signifie la perte de 60 % des emplois des personnes impliquées dans le secteur dans la région de l'Afrique subsaharienne. De plus, les exploitations agricoles non gérées risquent de produire moins de récoltes que d'habitude, ce qui entraînera une baisse du PIB affecté par la diminution de la production dans le secteur agricole si la crise n'est pas maîtrisée suffisamment tôt.

Ces répercussions dans des secteurs économiques clés de l'Afrique auront de graves répercussions sur la prospérité de ses habitants et entraveront les efforts visant à réaliser respectivement le plan de développement continental, l'Agenda 2063, et le plan de développement mondial, l'Agenda 2030.

Toutefois, la CEA conseille aux gouvernements africains de revoir et de réviser leurs budgets afin de redéfinir les priorités des dépenses en vue d'atténuer les effets négatifs attendus du COVID-19 sur leurs économies. Cela signifie que si l'Afrique joue correctement sa carte, la chance de sauver son économie des conséquences de la maladie à coronavirus 2019 est toujours valable.

Les économies encore émergentes et fragiles en Afrique

Les économies encore émergentes et fragiles de nombreux pays africains qui ont besoin des échanges et de politiques de développement risquent de souffrir d’un repli sur elles-mêmes, d’un confinement économique des autres continents du fait de coronavirus.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de 3 milliards d’Hommes sur tous les continents se confinent simultanément pour se protéger d’un même ennemi aussi redoutable que microscopique et insaisissable. Après s’être développée en Chine, l’Europe est devenue l’épicentre d’une épidémie qui s’est inexorablement transformée en pandémie. Alors que l’Amérique est devenue un foyer très infecté avec un développement exponentiel, c’est depuis une dizaine de jours l’Afrique qui est aussi directement touchée.

Le coronavirus a ceci de particulier : il voyage en se jouant des frontières et fait redécouvrir au monde et aux Occidentaux la réalité de l’existence d’épidémies.

Au Nigéria en particulier, et plus largement en Afrique de l’Ouest, la fièvre de Lassa tue chaque année entre 3.000 et 5.000 victimes et touche entre 300.000 et 500.000 personnes, sans émouvoir outre mesure les opinions publiques. Le virus Ebola, plus médiatique, car très meurtrier avec jusqu’à 50 % de létalité, a encore tué plus de 30 000 personnes en Afrique de l’Ouest lors de sa dernière grande vague entre 2014 et 2016. Le cas de la République de Guinée et de la Sierra Léone est illustratif. Ebola continue aujourd’hui à faire des victimes en République Démocratique du Congo.

Si pour l’instant les données chiffrées du Covid-19 ne semblent pas encore alarmantes sur notre continent, nous devons tous mesurer que l’Afrique sera percutée de plein fouet par le Coronavirus et par ses conséquences.

Un motif pourrait être de nature à rassurer : la mortalité du Covid-19 est très élevée chez les personnes les plus âgées. De ce point de vue, l’Afrique, continent jeune avec une écrasante majorité de sa population en dessous de 25 ans semble à première vue moins exposée que les autres continents, singulièrement la vieille Europe.

Malheureusement, face à ce seul motif rassurant, je vois pour l’Afrique, de très nombreux motifs d’inquiétudes liés au Coronavirus.

De nouvelles mégapoles comme Lagos ou Kinshasa ont émergé, au sein desquelles la propagation risque d’être exponentielle. Avec nos cultures, dans lesquelles les restrictions de type confinement ont du mal à être efficacement imposées, ces espaces urbains démesurés et par endroit anarchiques pourraient voir le virus se répandre à une vitesse foudroyante.

Comme Sociologue, je mesure d’abord à quel point la misère est le premier facteur de toutes nos difficultés pour faire face à cette menace nouvelle. Tout d’abord en de nombreux endroits nos systèmes de santé précaires ne sauront prendre en charge les personnes atteintes nécessitant des soins intensifs. Sur un continent où la pauvreté est une réalité prégnante, le Coronavirus pourrait bien être la goutte d’eau qui fera déborder le vase des inégalités, de l’instabilité et de l’insécurité. Au-delà de systèmes de soins précaires.

Le Nigéria compte une population de plus de 200 millions d’habitants, avec 90 millions d’individus survivant en situation de pauvreté absolue. Le pays subit une pression démographique exponentielle avec près de 5 millions d’habitants supplémentaires chaque année. Son économie encore trop fragile crée 400.000 à 500.000 emplois par an, là où il en faudrait 10 fois plus pour atteindre le plein emploi.

De nombreuses parties de l’Afrique de l’Ouest, singulièrement dans toutes les parties frontalières comme le nord du Nigéria, vivent et survivent dans des conditions archaïques, où prospère le refus de l’éducation et du développement (Boko Haram : les livres sont interdits). Dans ces économies moyenâgeuses, les ressources agro-pastorales ne suffisent pas : elles se nourrissent alors de trafics en tous genres qui assurent leur légitimité par des mouvements terroristes barbares.

Les économies africaines déjà fragilisées par la violence endémique d’ennemis visibles liés aux trafics et aux terroristes vont devoir faire face aux conséquences d’un ennemi invisible insidieux : le Coronavirus. Un pays comme le Nigéria, dont l’économie dépend tant des échanges avec les États-Unis et l’Europe (50 % des importations et 75 % des exportations), va subir de plein fouet les conséquences de la crise économique sans précédent qui touche ces continents.

Au-delà des victimes directes du virus, ce sont bien les rebonds et les conséquences du ralentissement de ces économies, qui vont le plus durement frapper le continent africain. Le confinement économique auquel nous contraint le Covid-19 va ralentir notre développement déjà fragile. Chaque pays, chaque zone économique risque de se concentrer avant tout sur ses propres difficultés. Nous pouvons légitimement craindre alors que les politiques de développement, les investissements nécessaires à la croissance de notre continent soient temporairement gelés ou abandonnés.

Passée la période de confinement nécessaire, c’est bien dans la continuité et le développement de nos échanges, dans l’intérêt que l’Europe et le monde porteront à l’Afrique, que résidera notre capacité commune à surmonter les défis du Coronavirus : ce nouvel ennemi invisible dont certaines conséquences sont malheureusement déjà bien visibles et prévisibles.

Réagir face à une crise. Agir pour préparer l’après.

Titre 1 : Perceptions des peuples

Début 2020 : controverse quant à l'urgence sanitaire internationale.

Le 3 janvier, un article de la revue Science fait état de l'apparition de plusieurs dizaines de cas d'une pneumonie atypique à Wuhan, en Chine. Le 9 janvier, la même revue fait savoir que les autorités chinoises ont identifié un nouveau coronavirus, séquencé son génome, et mis au point un test de dépistage. Le 12 janvier, l'Organisation mondiale de la santé dans son bulletin d’information sur les flambées épidémiques concernant le nouveau coronavirus indique que, selon les informations transmises à l’OMS par les autorités chinoises les 11 et 12 janvier, 41 cas d’infection due au nouveau coronavirus ont été diagnostiqués à Wuhan et que leur occurrence est associée à des expositions sur un marché aux poissons de cette ville. Sept des 41 cas notifiés sont gravement atteints et il y a un décès. Pour les 41 cas confirmés, la date d’apparition des symptômes est comprise entre le 8 décembre 2019 et le 2 janvier 2020. Aucun autre cas n’a été détecté depuis le 3 janvier 2020. Une des mesures de riposte a identifié 763 contacts proches (dont des agents de santé) ; ils sont suivis et aucun autre cas d’infection par le nouveau coronavirus n’a alors été trouvé. Les signes et symptômes en sont principalement la fièvre, parfois une dyspnée, et des infiltrats pulmonaires invasifs bilatéraux, visibles sur les clichés radiographiques. À ce stade, aucun agent de santé ne semble infecté et il n’y a pas de preuve évidente de transmission interhumaine. Aucun cas n’a été notifié à ce jour en dehors de cette ville. Wuhan est un nœud de transport national et international, mais l’OMS ne recommande aucune mesure sanitaire spécifique pour les voyageurs. En cas de symptômes évocateurs d’une affection respiratoire pendant ou après un voyage, les voyageurs sont invités à consulter un médecin, à qui ils donneront toutes les informations relatives à leur voyage. Sur la base des informations alors disponibles, l’OMS déconseille toute restriction des voyages et du commerce avec la Chine.

Le 23 janvier, l'OMS juge qu'il est prématuré de déclarer l'urgence de santé publique de portée internationale. Bien que son comité d'urgence ait été divisé sur la question, elle confirme cette position le 28 janvier, mais indique que le risque est « très élevé en Chine, élevé au niveau régional et élevé au niveau mondial ». Cette décision serait une réponse à une exigence chinoise, concernant l'impact de la crise sanitaire sur l'économie du pays. L'épidémiologiste Yves Charpak estime pour sa part que « l'urgence de santé publique de portée internationale aurait pu être déclarée plus tôt, et [qu']il y a probablement eu des pressions », mais que celles-ci n'étaient probablement pas le fait de la Chine, mais plutôt, selon lui, « d'États membres influents qui n'avaient pas intérêt à ce que l'urgence soit déclarée trop vite et voulaient par exemple se donner le temps de rapatrier leurs citoyens ».

Le 30 janvier, l'OMS déclare l'état d'urgence de santé publique de portée internationale. À cette date, 18 pays sont touchés, 7 834 personnes identifiées ont été contaminées et 170 sont mortes, toutes en Chine. Quatre pays, l'Allemagne, le Japon, la Thaïlande et les États-Unis, ont également rapporté des cas de contamination interhumaine. La crainte de l'OMS est alors que cette épidémie puisse atteindre des pays dont le système de santé ne serait pas capable de gérer une crise sanitaire[412]. Pour autant, elle ne recommande pas de limiter les voyages et les échanges internationaux, au rebours de la plupart des décisions gouvernementales.

Le 5 février, la revue Science publie deux découvertes cruciales : l'existence de patients asymptomatiques ou très faiblement symptomatiques potentiellement contagieux et la probabilité d'un taux significatif de formes graves de la maladie nécessitant une hospitalisation. Le 11 février, un article alerte sur la difficulté à appréhender l'étendue réelle de l'épidémie en raison de l'insuffisance de tests disponibles. Le 22 février, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, se dit préoccupé par le nombre de cas de coronavirus sans lien clair avec la Chine ou d'autres cas confirmés et avertit que la fenêtre d'opportunité pour contenir l'épidémie se rétrécit.

Le 25 février, la revue Science rend compte du consensus scientifique : l'épidémie est désormais une pandémie et l'heure est aux mesures de ralentissement de sa diffusion et d'aplatissement du pic de contaminations dans les différents pays. Le même jour, le Dr Bruce Aylward, qui dirige une mission conjointe de l'OMS et de la Chine, déclare que la Chine est parvenue « à changer le cours de l’épidémie et à éviter des dizaines, voire des centaines de milliers de cas de Covid-19 » et qu'il faudrait s’en inspirer, mais considère que le monde n'est « tout simplement pas prêt ». Le rapport de cette mission, publié le 28 février, détaille notamment les méthodes déployées en Chine (mise en place d'une politique de tests généralisés de la température corporelle, port de masques obligatoire, tests biologiques de dépistage et/ou scanners rapides, traçage des contacts des personnes positives, fermeture des écoles, théâtres et restaurants dans les clusters, confinement des personnes-contacts). Selon le rapport, ces mesures ont permis de réduire la durée moyenne entre les premiers symptômes et l’hospitalisation ou l’isolement d’environ 15 jours au début de l’épidémie à 2 jours, et donc de réduire d'autant le potentiel de contamination d'un patient. La rapport s'achève par un ensemble de recommandations adressées à la Chine, aux pays où des cas se sont déclarés, aux pays où des cas ne se sont pas encore déclarés, aux populations et à l'ensemble de la communauté internationale.

Ce n'est finalement que le 12 mars que l'OMS déclare que l'épidémie de Covid-19 est devenue une pandémie.

Quarantaines hors de la République populaire de Chine et rapatriements

Des aéroports, avec un thermomètre infrarouge, contrôlent de la température frontale des voyageurs venant de Chine, sans pouvoir enrayer la propagation de la pandémie hors de Chine.

Bien que le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, ne le recommande pas, plusieurs pays décident de rapatrier leurs ressortissants présents en Chine continentale par des vols spéciaux sans escale, avec souvent des mesures de confinement à l'arrivée. Ainsi, Paris envisage le 28 janvier le rapatriement de 250 Français depuis Wuhan, sous réserve qu'ils soient « sains ou asymptomatiques ». Ces rapatriements froissent le gouvernement chinois qui les considère comme un manque de confiance à l'égard du système de santé chinois.

L'Union européenne (UE) rapatrie ses ressortissants avec l'aide de la France. Elle sépare les personnes apparemment saines des cas suspects ou contaminés. Le Japon a quant à lui transporté dans le même avion les deux groupes de personnes.

Les politiques de quarantaine adoptées par les États pour leurs rapatriés de Wuhan se limitent à un confinement dans un lieu déterminé pendant quatorze jours.

Le 31 janvier, un nombre croissant de pays déconseillent de voyager en Chine, et les compagnies aériennes diminuent ou stoppent leurs vols en provenance ou à destination de la Chine. Le gouvernement fédéral des États-Unis recommande le 31 janvier aux citoyens américains de ne pas se rendre en Chine et à ceux qui s'y trouvent de quitter le pays, ce qui est dénoncé par le gouvernement chinois. En 2018, il y a eu en Chine plus de 30,5 millions de touristes étrangers, principalement originaires de Corée du Sud, du Japon, des États-Unis, de Malaisie et de Singapour. La Chine n'est toutefois que la onzième destination des citoyens européens pour leurs voyages en dehors de l'UE selon Eurostat.

De son côté, la Chine décide de rapatrier les habitants de Wuhan vivant à l'étranger en raison des « difficultés pratiques auxquelles sont confrontés à l'étranger les résidents de la province du Hubei, et en particulier ceux de Wuhan » alors que des signes de xénophobie sont constatés en France, Italie, Canada et Royaume-Uni.

Le 8 février, l'épidémiologiste Yves Charpak déclare : « le rapatriement des expatriés de tel ou tel pays ne se justifie pas à mon avis d'un point de vue sanitaire, c'est même une mesure qui risque d'exporter la maladie ». Cette crainte semble se confirmer : plusieurs passagers du Diamond Princess testés négatifs à l'évacuation du navire sont testés positifs à leur arrivée dans leur pays d'origine.

Titre 2 : Une pandémie ou une épidémie ou tout simplement une peur

Stigmatisation des malades ou des populations affectées, xénophobie et racisme

Le 30 janvier, une déclaration du Comité d'urgence de l'OMS conseille aux pays d'être attentifs aux « principes de l'article 3 du RSI », qui met en garde contre « les actions qui favorisent la stigmatisation ou la discrimination », lors de la conduite des mesures nationales de réponse à l'épidémie ; « la solidarité doit l'emporter sur la stigmatisation ».

Un large dépistage et/ou une distanciation sociale ciblée contribuent à réduire la morbidité et la mortalité, mais peuvent involontairement stigmatiser des soignants ou des personnes ou groupes plus affectés ; une étude recommande de considérer l'impact des journées de travail perdues et des efforts de quarantaine et d'isolement et des restrictions de voyage, y compris sur l'accès aux soins et la capacité de payer ces soins. Elle recommande des efforts d'éducation générale à la maladie et en particulier de bien expliquer au grand-public la justification des mesures barrière, ce qui peut réduire la stigmatisation. Les stratégies d'identification et d'isolement précoce des patients, de recherche des contacts, de quarantaine et de contrôle des chaines d'infections « devraient également aborder le risque de stigmatisation parmi les populations et les effets négatifs qui pourraient survenir (...) Des interventions de santé publique opportunes et appropriées traitant de l'impact culturel et du risque de stigmatisation ainsi qu'un dépistage, un traitement et un suivi appropriés pour les personnes touchées et des contacts étroits peuvent réduire le nombre d'infections, de maladies graves et de décès ».

Depuis l'apparition de la Covid-19, des augmentations des préjugés, de la stigmatisation, de la xénophobie et du racisme sont en effet constatée ; à l'égard des personnes d'origine chinoise dans un premier temps, et d'autres pays d'Asie de l'Est , en particulier en Europe, en Amérique du Nord et dans l'Asie-Pacifique ; certains pays d'Afrique (Madagascar par exemple) constatent également une montée du sentiment antichinois. Bien que les Chinois aient bénéficié d'un soutien en ligne et hors-ligne, de nombreux habitants de Wuhan et de Hubei déclarent avoir été victimes de discrimination fondée sur leur origine régionale. Depuis la progression de l'épidémie vers de nouveaux pays, les Italiens, centre de l'épidémie de coronavirus en Europe, font également l'objet de suspicion et de xénophobie.

Des citoyens de nombreux pays, tels que la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, Singapour ou la Corée du Sud, ont signé des pétitions faisant pression sur leur gouvernement pour qu'il interdise aux Chinois de pénétrer dans leur pays[réf. nécessaire]. Au Japon, le hashtag #ChineseDontComeToJapan a fait l'objet d'une tendance sur Twitter fin janvier. Au Royaume-Uni, les Chinois disent être confrontés à des niveaux croissants d'abus racistes, avec des cas d'agressions signalés. Aux États-Unis, des incidents de xénophobie et de racisme généralisés sont signalés à l'encontre des Américains d'origine chinoise ou asiatique. Le président américain Donald Trump fait l'objet de critiques pour avoir qualifié le virus de « virus chinois », terme considéré par ses détracteurs comme sinophobe. En réponse, Trump déclare sur son compte Twitter, le 23 mars : « Il est très important que nous protégions totalement notre communauté américano-asiatique aux États-Unis, et dans le monde entier ». En Ukraine, des manifestants attaquent des bus transportant des personnes ukrainiennes et étrangères évacuées de Wuhan. Des étudiants du nord-est de l'Inde, qui partage une frontière avec la Chine, étudiant dans les grandes villes indiennes, auraient été victimes de harcèlement lié à l'épidémie de coronavirus.

En Bolivie, le 4 février, des touristes japonais ont été mis en quarantaine, bien qu'ils ne présentassent aucun symptôme lié au coronavirus.

Dans les villes russes de Moscou et d'Iekaterinbourg, les ressortissants chinois sont visés par des campagnes de mise en quarantaine, ainsi que par des raids de police, qui ont été condamnés par les défenseurs des droits de l'homme comme étant du profilage racial.

L'ambassade de Chine en Allemagne a reconnu une augmentation des cas hostiles à l'encontre de ses citoyens depuis l'épidémie.

Des enfants d'origine asiatique ont été ostracisés et ridiculisés pour leurs origines dans des collèges près de Paris. Le président du Bharatiya Janata Party au Bengale-Occidental, Dilip Ghosh, déclare que les Chinois ont détruit la nature, « ce pourquoi Dieu s'est vengé d'eux ». Ces propos sont par la suite condamnés par le consulat chinois à Calcutta, qui les qualifie d'« erronés ».

Les islamistes exploitent la maladie pour alimenter le sentiment anti-occidental. À Hong Kong, le sentiment anti-occidental augmente car les expatriés sont accusés d'avoir créé une « deuxième vague » de la maladie. Le sentiment anti-caucasien augmente également en Thaïlande, où les Occidentaux sont accusés de propager la maladie.

La propagation de la pandémie s'accompagne des cas isolés de préjugés contre des Occidentaux, en particulier des touristes accusés d'importer la maladie, ou encore des métropolitains dans les territoires d'outre-mer comme à La Réunion. Un message sur le compte Twitter du ministre thaïlandais de la santé, Anutin Charnvirakul, a exhorté les Thaïlandais à être « plus prudents envers les Occidentaux qu'envers les Asiatiques ». Il affirme dans ce tweet que de nombreux touristes occidentaux refusaient de porter des masques, « s'habillaient de façon sale et ne se douchaient jamais ». Le post a suscité des réactions négatives en Thaïlande et au Royaume-Uni, avant d'être rapidement supprimé. M. Charnvirakulk a affirmé n'être pas responsable de cette situation.

Le 11 avril le ministre allemand des Affaires étrangères a condamné les agressions ou les vexations répétées dont ont été victimes des Français durant plusieurs semaines dans les zones frontalières.

En dépit du lourd tribut qu'ils ont payé à la Covid-19 (plus de 90 000 soignant avaient été infectés début mai 2020 d'après Reuters), en dépit d'un vaste mouvement de soutien de la part de la population générale envers le personnel soignant et de prévention, et alors même que les systèmes de santé étaient sous tension, quelques gouvernants ont critiqué l'OMS, leurs propres ministres de la santé ou leurs experts, ont refusé de suivre leurs recommandations ; et localement des soignants ont été victimes d'actes de guerre ou de violence (23 pays étaient en conflits alors que la pandémie s'étendait) en dépit des conventions internationales qui les protègent, ou pris à partie, et parfois priés de déménager par des voisins craignant d'être contaminés. Bien avant la pandémie, L'OMS, l'OIT, le CII et l'ISP avaient conjointement produit un guide contre la violence au travail dans le secteur de la santé, visant à prévenir la violence contre les soignants ; avec aussi un questionnaire et un protocole pour étudier l'ampleur et les conséquences de ce type de violence ; pour les contexte d'urgence, l'OMS a produit des méthodes de collecte systématique de données sur les attaques contre les établissements de santé, les agents de santé et les patients.. La Croix-Rouge a également publié un guide sur ce sujet. En mai 2020, dans The Lancet, un article a réalerté sur le besoin de protéger les soignants qui sont eux-mêmes exposés à un stress intense.

Chapitre IV : Covid-19 et théorie du bioterrorisme

Débats sur la gestion de la pandémie

Fin février, des questionnements apparaissent concernant la réaction de l'OMS et des gouvernements, certains polémistes. Qui ? jugeant, comme pour la pandémie de grippe de 2009-2010, que le principe de précaution est appliqué de manière excessive pertinence contestée. Donald Trump accuse les journalistes et le Parti démocrate d'exagérer la menace de la pandémie pour lui nuire politiquement.

Des dirigeants tels que Donald Trump se veulent d'abord rassurants, en comparant la mortalité de la Covid-19 à celle d'une grippe saisonnière (grippe touchant alors un nombre plus important de personnes avec de facto davantage de morts). Le Pr Éric Caumes, chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, interrogé publiquement le 27 février par le président Emmanuel Macron, a minimisé la létalité du virus, sans doute moindre que celle des premières estimations, selon lui, tout en estimant qu'il circulait déjà dans le pays. Le 21 janvier 2020, sur la chaîne YouTube de l'IHU, Didier Raoult relativise la portée la pandémie de maladie à coronavirus de 2020 en France en affirmant : « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale. L’OMS s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité ». Début février dans le JDD, il persiste : « ce virus n'est pas si méchant ». Ces visions se retrouvent dans la presse et les réseaux sociaux, où il est dans un premier temps difficile d'estimer la juste mesure du danger et de juger si les réactions sont proportionnées. Certains minimisent la dangerosité du nouveau coronavirus, comparant la Covid-19 à une grippe, argument qui semble alors relayé par l'opinion, ainsi repris par des habitants interrogés dans des villages contaminés, dans la vie courante et chez les politiques.

Pour le Pr Bruno Lina, le 28 février, il est trop tôt pour comparer la grippe avec la Covid-19, ces deux maladies ne touchant pas les mêmes personnes, et la létalité de la Covid-19 n'étant pas tout à fait connue.

Mais la létalité de la Covid-19 semble supérieure à celle de la grippe : les premières estimations en France donnent une valeur de 0,8 % (IC-95 % : 0,45-1,25) contre moins de 0,1 % pour la grippe.

Les incertitudes épidémiologiques sont notamment liées aux difficultés de détection de la maladie. Les premiers tests ont été produits rapidement, mais la production industrielle ne suit pas la croissance exponentielle du nombre de malades potentiels (asymptomatiques notamment). Endiguer la propagation du virus est d'autant plus difficile.

Au 1er mars, une étude du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies portant sur 72 314 cas conclut à une létalité de 2,3 %[633], comparable à celle de la grippe espagnole de 1918 qui avoisinait les 2,5 %[634]. La comparaison reste délicate, car on ignore s'il existait aussi des cas asymptomatiques ou non détectés en 1918. Pour la Covid-19, on ne connaît pas non plus avec précision le nombre de cas non détectés. Des tests sérologiques sur de grands échantillons de population d'une région infectée le permettraient, mais les kits de tests ne sont pas assez disponibles.

Le cas du Diamond Princess où le nombre de cas détectés (plus de 700) est sans doute proche du nombre de cas réels montre une létalité de 1,3 %. Une valeur de 0,66 % a pu être calculée à partir des étrangers rapatriés de Wuhan. Dans ces deux cas, les populations concernées ont une structure en âge particulière, et la létalité à l'échelle d'un pays comme la France pourrait se situer entre ces deux valeurs.

Les partisans du principe de précaution invitent à ne pas minimiser le danger et à tout faire pour ralentir l'épidémie qui se répand rapidement dans de nombreux pays après avoir atteint toutes les provinces chinoises en un mois. L'épidémiologiste Marc Lipsitch (Harvard) estime le 24 février que 40 à 70 % de la population mondiale pourrait être infectée dans l'année, en comptant les cas asymptomatiques. Le virologue Peter Piot, le 28 février, estime qu'on ne peut plus que ralentir l'épidémie. Un espoir nourri par l'apparente absence de propagation dans l'hémisphère sud, est que l'arrivée de l'été pourrait freiner la maladie. Mais le SRAS de 2003 s'était, lui, déclaré en septembre, le MERS s'était propagé au Moyen-Orient, et on ne connaît pas encore bien la Covid-19.

Dans ce contexte très médiatisé, des États et des institutions économiques internationales (FMI et banques centrales, entre autres) cherchent à rassurer les populations et les investisseurs, pour notamment éviter une crise boursière et une récession économique. Les marchés boursiers mondiaux ont néanmoins subi une perte de 15 % entre le 31 décembre et le 28 février, avec une accélération de la crise depuis la fin du mois de février.

La pandémie a provoqué dans les territoires où elle sévit des rumeurs et des comportements d'achats frénétiques de denrées, suscitant des problèmes d'approvisionnement, notamment en Italie du Nord, voire des pénuries momentanées, dont de papier toilette à Hong Kong ou au Japon.

Titre 1 : Quel avenir pour l’humanité

Après le coronavirus, le monde ne sera plus jamais le même.

176 pays de la planète sont désormais touchés par le Covid-19. Il apparaît clairement que la pandémie représente la plus grande menace que l’humanité ait eu à affronter depuis la Seconde Guerre Mondiale. À l’époque, la confiance dans la coopération internationale et les institutions multilatérales avait atteint un point historiquement bas ; c’est à nouveau le cas aujourd’hui.

Si l’éclatement de la Seconde Guerre Mondiale avait pris de nombreuses personnes par surprise, ce ne fut pas le cas pour l’apparition du coronavirus en décembre 2019 : la crise sanitaire était annoncée. Depuis des décennies, les spécialistes des maladies infectieuses alertent l’opinion publique et les dirigeants sur l’accélération du rythme des épidémies. La dengue, Ebola, le SRAS, H1N1 et Zika ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Depuis 1980, plus de 12 000 foyers ont été documentés. Des dizaines de millions de personnes dans le monde-tout particulièrement parmi les populations les plus démunies-ont été infectées et bon nombre d’entre elles sont décédées. En 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a détecté pour la toute première fois des foyers de six de ses huit « maladies prioritaires ».

Nous ne pourrons pas dire que nous n’avions pas été prévenus.

Même si notre attention est aujourd’hui prioritairement consacrée aux innombrables situations d’urgence générées par la Covid-19, nous devons réfléchir sérieusement aux raisons pour lesquelles la communauté internationale n’était pas préparée à une épidémie si inévitable. Ce n’est pourtant pas la première fois, loin de là, que nous sommes confrontés à une catastrophe mondiale.

La Seconde Guerre mondiale s’explique en bonne partie par l’incapacité dramatique des dirigeants à tirer les leçons de la guerre de 1914-1918. La création des Nations unies et des institutions de Bretton Woods à la fin des années 1940 et au début des années 1950 a donné quelques raisons d’être optimiste, mais celles-ci ont été éclipsées par la guerre froide. En outre, les révolutions Reagan et Thatcher des années 1980 ont réduit la capacité des gouvernements à lutter contre les inégalités par la fiscalité et la redistribution, ainsi que leur capacité à fournir aux populations des services de santé et des services essentiels.

La capacité des institutions internationales à réguler la mondialisation a été sapée précisément au moment où elle aurait été le plus utile. Les années 1980, 1990 et 2000 ont vu une augmentation rapide des mouvements transfrontaliers des biens commerciaux, des moyens financiers et des individus. L’accélération des flux de biens, de services et de compétences est l’une des principales raisons de la réduction de la pauvreté mondiale la plus rapide de toute l’histoire. Depuis la fin des années 1990, plus de 2 milliards de personnes sont sorties de la grande pauvreté.

L’amélioration de l’accès à l’emploi, à l’alimentation, à l’assainissement et à la santé publique (notamment grâce à la disponibilité des vaccins) a ajouté plus d’une décennie d’espérance de vie moyenne à la population mondiale.

Mais les institutions internationales n’ont pas su gérer les risques générés par la mondialisation. Les prérogatives des Nations unies n’ont pas été élargies, loin de là. Le monde est gouverné par des nations divisées qui préfèrent faire cavalier seul, privant les institutions censées garantir notre avenir des ressources et de l’autorité nécessaires pour mener leurs missions à bien. Ce sont les bailleurs de l’OMS, et non son personnel, qui ont lamentablement échoué à faire en sorte qu’elle puisse exercer son mandat vital de protection de la santé mondiale.

L’effet papillon néfaste de la globalisation

Plus le monde est connecté, plus il devient interdépendant. C’est le revers de la médaille, « le Butterfly defect » de la mondialisation qui, s’il n’est pas corrigé, signifie inévitablement que nous allons être confrontés à des risques systémiques croissants et de plus en plus dangereux.

Une touriste devant le Colisée, à Rome. L’Italie a enregistré le plus grand nombre de morts. Andreas Solaro/AFP

La crise financière de 2008 a été l’une des illustrations les plus frappantes de ce phénomène. L’effondrement économique a résulté de la négligence dont les autorités publiques et les experts ont fait preuve dans la gestion de la complexité croissante du système financier mondial. Il n’est pas surprenant que l’insouciance de l’élite politique et économique mondiale ait coûté cher à ses représentants dans les urnes. Faisant campagne explicitement sur l’hostilité envers la mondialisation et les experts, les populistes ont pris d’assaut le pouvoir dans de nombreux pays.

Enhardis par l’indignation du grand public, ils ont remis au goût du jour une tradition ancienne consistant à blâmer les étrangers et à tourner le dos au monde extérieur. Le président des États-Unis, en particulier, a rejeté la pensée scientifique et diffusé des fausses nouvelles, et s’est détourné des alliés traditionnels de Washington et des institutions internationales.

Le nombre de personnes infectées augmentant rapidement, la plupart des responsables politiques reconnaissent désormais le terrible coût humain et économique de la Covid-19. Le pire scénario envisagé par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control) est qu’environ 160 à 210 millions d’Américains seront infectés d’ici à décembre 2020. Jusqu’à 21 millions de personnes devront être hospitalisées et entre 200 000 et 1,7 million de personnes pourraient mourir d’ici un an. Les chercheurs de l’Université de Harvard estiment que 20 à 60 % de la population mondiale pourrait être infectée, et qu’entre 14 et 42 millions de personnes pourraient perdre la vie.

Le niveau de la mortalité dépendra de la rapidité avec laquelle les sociétés sauront réduire les nouvelles infections, isoler les malades et mobiliser les services de santé, et de la durée pendant laquelle les rechutes pourront être évitées et contenues. Sans vaccin, le Covid-19 restera une force perturbatrice majeure pendant des années.

Quelles catégories de la population mondiale seront le plus affectées ?

La pandémie sera particulièrement préjudiciable aux communautés les plus pauvres et les plus vulnérables dans de nombreux pays, ce qui met en évidence les risques associés à l’accroissement des inégalités.

Aux États-Unis, plus de 60 % de la population adulte souffre d’au moins une maladie chronique. Environ un Américain sur huit vit en dessous du seuil de pauvreté, plus des trois quarts d’entre eux ont du mal à boucler leurs fins de mois et plus de 44 millions de personnes aux États-Unis n’ont aucune couverture santé.

La situation est encore plus dramatique en Amérique latine, en Afrique et en Asie du Sud, où les systèmes de santé sont considérablement plus faibles et les gouvernements moins aptes à répondre aux défis posés par l’épidémie. Ces risques latents sont aggravés par l’incapacité de dirigeants tels que Jair Bolsonaro au Brésil ou Narendra Modi en Inde à prendre la question suffisamment au sérieux.

Les retombées économiques de la Covid-19 seront considérables partout. La gravité de l’impact dépendra de la durée de la pandémie et de la réponse nationale et internationale qu’apporteront les gouvernements. Mais même dans le meilleur des cas, cette crise économique dépassera de loin celle de 2008 par son ampleur et son impact, entraînant des pertes qui pourraient dépasser 9 000 milliards de dollars, soit bien plus de 10 % du PIB mondial.

Dans les communautés pauvres où de nombreux individus vivent à plusieurs dans une pièce prévue pour une seule personne et doivent travailler pour mettre de la nourriture sur la table, l’appel à la distanciation sociale sera très difficile, voire impossible à respecter. Dans le monde entier, alors que de plus en plus de personnes verront leurs revenus baisser, on assistera à une augmentation rapide du nombre de sans-abri et de personnes souffrant de la faim.

Le bidonville de Mukuru Kwa Njenga à Nairobi. Le Covid-19 devrait être particulièrement dévastateur pour les pays pauvres. Simon Maina/AFP

Aux États-Unis, un nombre record de 3,3 millions de personnes ont déjà demandé des allocations chômage ; en Europe, le chômage atteint également des niveaux record. Mais alors que dans les pays riches, un certain filet de sécurité existe encore, même s’il est trop souvent en lambeaux, les pays pauvres, eux, n’ont tout simplement pas la capacité de garantir que personne ne meure de faim.

Les chaînes d’approvisionnement sont rompues du fait de la fermeture des usines et du confinement des travailleurs ; et les consommateurs sont empêchés de voyager, de faire des achats autres qu’alimentaires ou de s’engager dans des activités sociales. Il n’y a donc pas de possibilité de relance budgétaire. Et la marge de manœuvre en matière de politique monétaire est quasiment inexistante car les taux d’intérêt sont déjà proches de zéro. Les gouvernements devraient donc s’efforcer de fournir un revenu de base à tous ceux qui en ont besoin, afin que personne ne meure de faim à cause de la crise. Alors que ce concept de revenu de base semblait utopique il y a seulement un mois, sa mise en place doit maintenant se retrouver en tête des priorités de chaque gouvernement.

Un Plan Marshall mondial

L’ampleur et la férocité de la pandémie exigent des propositions audacieuses. Certains gouvernements européens ont annoncé des trains de mesures visant à éviter que leurs économies ne soient paralysées. Au Royaume-Uni, le gouvernement a accepté de couvrir 80 % des salaires et des revenus des travailleurs indépendants, jusqu’à 2 500 livres (2 915 dollars) par mois, et de fournir une bouée de sauvetage aux entreprises. Aux États-Unis, une aide colossale de 2 000 milliards de dollars a été décidée, et ce n’est probablement qu’un début. Une réunion des dirigeants du G20 a également débouché sur la promesse d’un déblocage de 5 000 milliards de dollars, mais les modalités restent encore à préciser.

La pandémie marque un tournant dans les affaires nationales et mondiales. Elle met en évidence notre interdépendance et montre que lorsque des risques se présentent, nous nous tournons vers les États, et non vers le secteur privé, pour nous sauver.

La réaction économique et médicale sans précédent mise en œuvre dans les pays riches n’est tout simplement pas à la portée de nombreux pays en développement. Il en résulte que les conséquences seront beaucoup plus graves et durables dans les pays pauvres. Les progrès en matière de développement et de démocratie dans de nombreuses sociétés africaines, latino-américaines et asiatiques seront remis en cause. Cette pandémie mondiale aggravera considérablement non seulement les risques climatiques et autres, mais aussi les inégalités au sein des pays et entre eux.

Un plan Marshall global, avec des injections massives de fonds, est nécessaire de toute urgence pour soutenir les gouvernements et les sociétés.

Contrairement à ce qu’ont avancé certains commentateurs, la pandémie de Covid-19 ne sonne pas le glas de la mondialisation. Si les voyages et le commerce sont gelés pendant la pandémie, il y aura une contraction ou une démondialisation. Mais à plus long terme, la croissance continue des revenus en Asie, qui abrite les deux tiers de la population mondiale, signifiera probablement que les voyages, le commerce et les flux financiers reprendront leur trajectoire ascendante.

Il reste que, en termes de flux physiques, 2019 restera probablement dans l’histoire comme une période de fragmentation maximale de la chaîne d’approvisionnement. La pandémie accélérera le redéploiement de la production, renforçant une tendance à rapprocher la production des marchés qui était déjà en cours. Le développement de la robotique, de l’intelligence artificielle et de l’impression en 3D, ainsi que les attentes des clients qui souhaitent une livraison rapide de produits de plus en plus personnalisés, des politiciens désireux de ramener la production chez eux et des entreprises cherchant à minimiser le prix des machines, suppriment les avantages comparatifs des pays à faible revenu.

La structure du coronavirus.

Ce n’est pas seulement la fabrication qui est automatisée, mais aussi les services tels que les centres d’appel et les processus administratifs qui peuvent maintenant être réalisés à moindre coût par des ordinateurs dans le sous-sol d’un siège social plutôt que par des personnes situées dans des endroits éloignés. Cela pose de profondes questions sur l’avenir du travail partout dans le monde. Il s’agit d’un défi particulier pour les pays à faible revenu qui comptent une population jeune à la recherche d’emplois. Rien qu’en Afrique 100 millions de nouveaux travailleurs devraient entrer sur le marché du travail au cours des dix prochaines années. Leurs perspectives n’étaient pas claires avant même que la pandémie ne frappe. Aujourd’hui, elles sont encore plus précaires.

Les conséquences pour la stabilité politique

À une époque où la foi en la démocratie se trouve à son plus bas niveau depuis des décennies, la détérioration des conditions économiques aura des implications profondes sur la stabilité politique et sociale. Il existe déjà un énorme fossé de confiance entre les dirigeants et les citoyens. Certains dirigeants politiques envoient des signaux contradictoires aux citoyens ; ce qui réduit encore la confiance de ceux-ci envers les autorités et « les experts ».

Ce manque de confiance peut rendre la réponse à la crise beaucoup plus difficile au niveau national, et a déjà commencé à affecter négativement la réponse mondiale à la pandémie.

Même si elles ont lancé des appels urgents à la coopération multilatérale, les Nations unies demeurent hors-jeu, ayant été mises à l’écart par les grandes puissances au cours de ces dernières années. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont promis d’injecter des milliards, voire des billions de dollars, dans l’effort international, devront intensifier leurs activités pour avoir un impact significatif.

Les villes, les entreprises et les organisations philanthropiques viennent combler le vide laissé par le manque de leadership international des États-Unis. La réaction de la Chine à la pandémie lui a permis de passer, aux yeux de l’opinion publique mondiale, du rôle de responsable de la catastrophe à celui de héros, notamment parce qu’elle a su développer son soft power en envoyant des médecins et des équipements aux pays touchés. Des chercheurs singapouriens, sud-coréens, chinois, taïwanais, italiens, français et espagnols publient et partagent activement leur expérience, notamment en accélérant les recherches sur ce qui fonctionne.

Certaines des actions les plus enthousiasmantes n’ont pas été le fait des États. Par exemple, des réseaux de villes tels que la Conférence américaine des maires et la Ligue nationale des villes échangent rapidement des bonnes pratiques sur la manière d’empêcher la propagation des maladies infectieuses, ce qui devrait améliorer les réponses locales. La Fondation Bill et Melinda Gates a contribué à hauteur de 100 millions de dollars au développement des capacités sanitaires locales en Afrique et en Asie du Sud. Des groupes comme le Wellcome Trust, Skoll, les  Open Society Foundations, la Fondation des Nations unies et Google.org se sont également engagées dans le combat global contre la pandémie.

Il va sans dire que les problèmes complexes liés à la mondialisation ne seront pas résolus par des appels au nationalisme et à la fermeture des frontières. La propagation de la Covid-19 doit s’accompagner d’un effort international coordonné pour trouver des vaccins, fabriquer et distribuer des fournitures médicales et, une fois la crise passée, faire en sorte que nous ne soyons plus jamais confrontés à ce qui pourrait être une maladie encore plus mortelle.

Le temps n’est pas aux récriminations, mais à de l’action. Les gouvernements nationaux et les administrations municipales, les entreprises et les citoyens ordinaires du monde entier doivent faire tout leur possible pour aplatir immédiatement la courbe de l’épidémie, en suivant l’exemple de Singapour, de la Corée du Sud, de Hongkong, de Hangzhou et de Taïwan.

La réponse mondiale doit être organisée par une coalition de volontaires

Aujourd’hui plus que jamais, une réponse globale s’impose. Le G7 et les principales économies du G20 semblent à la dérive sous leur direction actuelle. Bien qu’ils aient promis d’accorder une attention particulière aux pays les plus pauvres et aux réfugiés, leur récente réunion virtuelle a été trop tardive et n’a pas débouché sur des résultats notables. Mais cela ne doit pas empêcher les autres acteurs de tout faire pour atténuer l’impact de Covid-19. En partenariat avec les pays du G20, une coalition créative de pays volontaires devrait prendre des mesures urgentes pour rétablir la confiance non seulement dans les marchés mais aussi dans les institutions mondiales.

L’Union européenne, la Chine et d’autres nations devront monter en puissance et diriger un effort mondial, en entraînant les États-Unis dans une réponse mondiale qui comprendra l’accélération des essais de vaccins et la garantie d’une distribution gratuite une fois qu’un vaccin et des antiviraux auront été trouvés. Les gouvernements du monde entier devront également prendre des mesures draconiennes pour investir massivement dans la santé, l’assainissement et la mise en place d’un revenu de base.

Nous finirons par surmonter cette crise. Mais trop de gens seront morts, l’économie aura été gravement touchée et la menace de pandémie subsistera. La priorité doit donc être non seulement la reprise, mais aussi la mise en place d’un mécanisme multilatéral solide visant à garantir qu’une pandémie similaire, voire pire, ne se reproduise jamais.

Aucun mur, aussi haut qu’il soit, ne suffira à empêcher la prochaine pandémie, ni d’ailleurs aucune des autres grandes menaces qui pèsent sur notre avenir. Mais ce que ces hauts murs empêcheront, c’est la circulation des technologies, des personnes, des finances et surtout des idées et de la volonté de coopération collective dont nous avons besoin pour faire face aux pandémies, au changement climatique, à la résistance aux antibiotiques, au terrorisme et aux autres menaces mondiales.

Le monde avant et après le coronavirus ne peut pas être le même. Nous devons éviter les erreurs commises au cours du XXe siècle et au début du XXIe siècle en entreprenant des réformes fondamentales pour faire en sorte que nous ne soyons plus jamais confrontés à la menace de pandémies.

Si nous pouvons travailler ensemble au sein de nos pays respectifs, pour donner la priorité aux besoins de tous nos citoyens, et au niveau international pour surmonter les clivages qui ont contribué à l’intensification des menaces de pandémie, alors un nouvel ordre mondial pourrait être forgé à partir du terrible feu de cette pandémie. En apprenant à coopérer, nous aurions non seulement appris à arrêter la prochaine pandémie, mais aussi à faire face au changement climatique et à d’autres menaces fondamentales.

Le moment est venu de commencer à construire les ponts nécessaires, dans nos pays et partout dans le monde.

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